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Les fabricants coréens de cosmétiques en guerre contre les contrefaçons chinoises

  • Photo du rédacteur: prysk7
    prysk7
  • 30 janv. 2016
  • 4 min de lecture

Opération de police dans une usine de Canton fabriquant des faux produits cosmétiques Amore Pacific, en avril 2015

Le secteur des produits cosmétiques s’est développé en Corée du Sud à la vitesse grand V, grâce notamment aux consommateurs chinois, mais le boom de la «K-beauty» a son revers de la médaille : les contrefaçons… chinoises.

Ces dernières années, les cosmétiques coréens se sont multipliés sur le marché noir en raison de leur popularité parmi les adeptes de la «hallyu» (vague coréenne), très attirés par la K-pop, les dramas et les célébrités du pays Matin-Calme.

La Chine est sans conteste la principale source de faux produits cosmétiques frappés de logos coréens et, en raison de l’échelle du commerce, tout combat contre ce fléau semble quasiment perdu d’avance.

Les produits contrefaits sont distribués à travers divers canaux de distribution, comme les marchés et les vendeurs individuels en Chine. Mais, depuis peu, leur présence s’est accrue sur la Toile et donc n’importe qui sur la planète peut théoriquement avoir accès à ces reproductions frauduleuses.

«Les grandes marques sont préoccupées par les contrefaçons parce qu’elles nuisent à leur image et à leurs affaires, mais le commerce de faux produits est toujours bien présent malgré les mesures de répression», souligne Chung Whan-woo, chercheur à l’Agence coréenne de promotion du commerce et de l’investissement (KOTRA).

Les appels à lutter contre les imitations se font de plus en plus pressants comme les sociétés coréennes du domaine cherchent à accroître leurs activités et leur présence dans l’empire du Milieu alors que le marché local arrive à saturation.

Les exportations sud-coréennes de produits de beauté en direction de la Chine ont doublé en 2015 pour atteindre 1,08 milliard de dollars, soit près de 40% du total des ventes, selon l’Association coréenne du commerce international (KITA). La Corée du Sud est le deuxième pays exportateur vers la Chine, après la France.

Le problème des contrefaçons est très marqué dans les boutiques en ligne, très difficiles à contrôler. Taobao, un site de vente sur Internet, exige de s’enregistrer avec une vraie identité pour pouvoir monter une boutique. Malgré cela, des éponges dermatologiques portant la marque AmorePacific étaient proposées à des prix inférieurs à ceux pratiqués dans les magasins officiels. La Guerisson 9 Complex Cream de la marque coréenne Claire était disponible à moitié prix.

De surcroît, ces magasins en ligne, pour la plupart, avancent que leurs articles sont de haute qualité. Certains d’entre eux les présentent même comme «100% authentiques» en présentant des reçus de magasins coréens. Quelques-uns vont jusqu’à donner des astuces pour aider à différencier un vrai produit d’un faux.

Face à ces pratiques malhonnêtes et répandues, les principales marques victimes et les autorités se creusent la tête pour tenter de trouver la parade. AmorePacific, le numéro coréen du secteur, possède même une équipe entièrement dédiée au combat contre cette plaie et rattachée à sa filiale chinoise. Les enquêteurs essaient de s’infiltrer dans les réseaux en se faisant passer pour des clients pour rassembler des preuves et déceler les faussaires, en ligne et dans les magasins.

C’est ensuite que les éléments récoltés sont rapportés aux autorités chinoises en charge de faire appliquer la loi pour inciter des descentes de police et montrer leur détermination face à ce problème. En septembre dernier, la police chinoise a effectué une perquisition dans une usine de Canton au cours de laquelle ont été confisqués 47.000 faux produits AmorePacific (Sulhwasoo, Hera, Laneige, etc.).

Hier, AmorePacific et le site de commerce électronique Alibaba ont signé un mémorandum d’entente (MOU) pour soutenir la bataille. «Grâce à cet MOU, les deux sociétés accroîtront leurs efforts pour contrer la vente en ligne de cosmétiques confisqués», explique Kwon Su-jung, conseiller d’AmorePacific pour les questions liées à la propriété intellectuelle. «Nous prendrons des mesures actives pour assurer une croissance saine du marché du e-commerce en Chine et la protection des droits des clients.»

En dépit de ces efforts, les marques estiment qu’il est pratiquement impossible d’empêcher totalement la vente de produits copiés car le business de la contrefaçon est très lucratif. «Quand les autorités font des efforts, les contrefacteurs arrêtent un moment. Mais plusieurs mois plus tard, ils refont surface en ouvrant un autre magasin», observe Choi Cheol-seung, un responsable de l’Office coréen de la propriété intellectuelle (KIPO).

«Bien que le gouvernement chinois ait exprimé sa volonté de combattre les produits contrefaits, il est presque impossible de mettre la main sur tous les produits. Même si les autorités perquisitionnent des usines et saisissent des articles, c’est juste la partie émergée de l’iceberg.»

Pour les entreprises coréennes concernées, non seulement ces répliques détériorent leur image mais aussi elles constituent des risques pour la santé des utilisateurs. «Les sociétés cosmétiques effectuent des tests stricts, mais les contrefacteurs fabriquent des produits de mauvaise qualité, en imitant le design et les formules», rappelle Hong Soo-ji du service relations publiques de Tonymoly.

Les copies peuvent paraître moins chères que les originaux, mais les coûts pour ensuite se soigner peuvent dépasser largement l’économie réalisée à l’achat. L’année dernière, la police britannique a détecté des niveaux anormalement élevés de plomb, mercure et même de cyanure dans des contrefaçons de marques comme MAC et Benefit. Les autorités thaïlandaises en charge de la sécurité des denrées alimentaires et des médicaments ont également émis une alerte santé contre les faux produits cosmétiques coréens.

Le gouvernement coréen, de son côté, s’est également associé à cette action en mettant en place des moyens pour démanteler les trafiquants et protéger les brevets des entreprises domestiques. Sa politique deviendra d’autant plus importante que l’accord de libre-échange Corée-Chine est entré en vigueur le mois dernier.

«Comme plus de faux cosmétiques sont vendus sur le marché mondial sous des marques coréennes, nous avons renforcé la coopération avec les officiels chinois pour partager des informations et les aider à repérer les copies», souligne Lee Hyo-jin du Service des douanes coréennes (KCS).

Le mois dernier, les chefs des douanes coréennes, chinoises et japonaises se sont rencontrés pour discuter de la protection de la propriété intellectuelle et du renforcement des contrôles aux frontières. Le KIPO a ouvert 11 bureaux dans six pays, dont la Chine, les Etats-Unis, l’Allemagne et le Japon, pour encourager le respect des droits de propriété intellectuelle des sociétés coréennes.

«Les imitations de produits peuvent être perçues comme une preuve que les cosmétiques coréens se sont fait un nom dans le secteur de la beauté, mais le problème doit rester sous contrôle, pour les consommateurs et l’économie nationale», a conclu Choi du KIPO.

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